Archives de l’auteur : vetu@21aa

Métropole de Volmir Cordeiro

Théâtre La Vignette

Le 14/12/2021

Note : 4/5

Photo : Théâtre La Vignette

J’ai vu un dieu face à nous. Il se présente avec un costume en toit, comme une carapace, et un masque où les yeux apparaissent, clairs. Il s’agit d’un monstre, difficile de comprendre sa taille, on dirait un géant qui meut ses membres toujours avec grandeur. Il ne fait que donner de l’envergure, ouvre, déploie, enveloppe, pli pour se mettre à notre portée.

Il n’y a pas vraiment de développement dans le temps, seulement une présentation, un dieu qui tourne en rond sur scène pour nous. Il nous parle aussi, il semble en colère, ou doux. Il est tout.

Una Costilla sobre la mesa : Madre d’Angelica Liddell

Théâtre des Treize Vents

le 09/11/2021

Note : 5/5

Photo : Théâtre des Treize Vents

Il y a de tout, de l’humour on se demande, du cérémonial, de la vérité, de la tripe du cri, beaucoup de texte, proche de l’éternité, du nu, de la danse du chant des costumes espagnol de la musique de Bach de Mozart, de la religion toujours très ambigu, beaucoup de religieux, ou comme pour l’histoire de l’œuf* du symbole, de la représentation de l’univers
le plus intéressant SA façon de prendre le réel pour en faire une représentation je ne sais pas comment dire mieux pour en faire un spectacle pour en faire une vision plastique on peut même dire

*Plonger un œuf dans un verre d’eau et regarder. Le lendemain il représente l’univers ou l’éternité

LEILA SE MEURT de Ali Chahrour

Festival d’Avignon

Le 23/07/2016

Au Cloître des Célestins

Note : 5/5

leila

L’intérêt de nous faire entrer dans ce monde (Chiite libanais) est que l’on part de la tradition pour aller vers une plus grande ouverture. il est question de parler en toute liberté de ce monde.
une harmonie comme celle-ci n’est pas si courante. La tradition doit être absolument respectée, et juste simplifiée pour devenir compréhensible.

Comme pour Fatmeh, c’est le corps « l’Acteur », le corps en souffrance pour accompagner la souffrance de deuil, avec parfois des gestes répétés longuement (de se frapper le front).

Cette fois, il y a deux musiciens sur scène, on est d’autant plus dans le présent. La musique très sobre, presque abstraite, avec trois grands tambourins d’un côté et deux ou trois instruments à cordes avec archet de l’autre. Bien sûr, les rythmes sont extrêmement complexes.

Des moments sont magiques, lorsque l’auteur et les musiciens se tiennent serrés et font quelques pas face à nous en chantant accompagnés d’un rythme au tambourin. C’est simple, très martial, imposant.

A chaque fois que la femme chante, c’est impressionnant. Seule ou accompagnée d’un instrument ou de refrain chanté par les musiciens.

Je ne sais pas trop où il y a un jeu, où est le réel, qu’est ce qui est représenté.

La femme est une « pleureuse », elle souffre donc pour les autres, avec les autres. L’histoire qu’elle raconte, je ne sais pas, ces parents morts, sont mari mort, son fils mort. Je prends tout pour elle, je ne sais pas.

HEARING de Amir Reza Koohestani

Festival d’Avignon

Le 23 juillet 2016

Salle Benoît XII

Note : 2/5

Spectacle iranien surtitré

Hearing

Spectacle minimal. Pas de décor, un grand écran sert de fond et de projection pour les sous titres et les vidéos en direct. Deux jeunes filles sont interrogées par la surveillante de leur couloir de pension. Entre fantasme et réalité, elles doivent répondre de la soi-disant venue d’un garçon dans une chambre. C’est une inquisition, la surveillante leur avait laissé la clé pour découcher.
Les filles sont face à nous, fixes. Je m’aperçois après quelque temps que la surveillante est assise dans la salle avec un projecteur serré sur elle.

Pour la vidéo, une des filles met une sorte de casque bricolé, l’une ou l’autre filme le visage de l’autre, elle filme aussi leur disparition dans les coulisses, et jusqu’à l’extérieur du théâtre. Cette fioriture n’est pas forcément indispensable !

La relation se termine une quinzaine d’années plus tard, la surveillante et une des étudiantes se retrouvent, l’élève essaye de se faire excuser de la surveillante parce que celle ci s’est faite virée après cette histoire.

Il y a une certaine beauté dans le texte, dans les dialogues, la fixité de la mise en scène le met en valeur.

RUMEUR ET PETITS JOURS de Raoul Collectif

Festival d’avignon

Le 22 juillet 2016

Au Cloître des Carmes

Note 4/5

Rumeurs

La dernière de l’émission radio « épigraphe ».
Cinq intervenants assez cliché, un gauchiste, un révolutionnaire, un conservateur, un poète, etc…
Il est lu un message d’une auditrice presque vide et sans sens. Il provoque les commentaires les plus contradictoires et les plus absolus.

Un des personnages nous apprend que le soleil a des vibrations sonores, il nous fait écouter le son grâce à un petit cylindre de métal sur un support en bois frappé avec un petit maillet.

Un des personnages se déguise en femme et elle est l' »idée », elle se bat contre les plans B, veut même empêcher de les faire survenir. Elle demande au public de lui poser des questions.

Un autre nous montre des diapos d’animaux en voie d’extinction, qui viennent du désert, d’autre des abysses, il y en a de vrais, d’autres aménagés pour l’occasion (genre une biche avec une tête de chien et une touffe sur le fond). La cause paraît sincère. Les autres poussent des questions, que peut on faire pour les sauver, pourrait-on les élever, combien coûtent-ils, peut-on les manger. L’intervenant finit par ne plus répondre.

Et plein d’autres choses.

On finit par changer de rythme, les acteurs prennent des pelletées sable (de minuscules  billes d’argile) dans de grandes poubelles et les jettent en l’air pour recouvrir la scène. Ils se jettent alors au sol pour glisser.

On rit beaucoup, trop, comme par réflexe. Et c’est voulu !

Dommage, j’ai l’impression, après coup, que le rire empêche de profiter encore davantage du spectacle, qu’il nous fait louper quelque chose, un sérieux caché.

Het Land Nod de F.C. Bergman

Festival d’Avignon

Le 22/07/2016

Au Parc des Expositions d’Avignon

Note : 2/5

Het-land-nod

photo © Christophe Raynaud de Lage

Burlesque lent
8 ou 9 blagues en 1h35.
Bien étalées, souvent assez lourdes. Par exemple, comment sortir un tableau de la salle. Le mesurer à cinq mètres de haut (dure 10 minutes), s’apercevoir que c’est plus simple du sol et que la mesure est là même !
Commencer à scier discrètement une partie du cadre mais des gardiens arrivent…
Casser le haut de l’encadrement d’une ouverture au pied de biche, puis essayer avec une masse, mais impossible de s’en servir en haut d’une échelle.
Reste la dynamite, et ça marche, avec un mort, de la fumée, plein de gravats tombent du plafond.
Si cette description vous à fait rire, vous aimerez cette pièce. Elle a été beaucoup applaudie, d’ailleurs.
J’ai trouvé ça plutôt vide, vacuatif.
C’est belge.
J’aime bien que tout soit détruit dans un spectacle, c’est un peu le cas ici.
Le décor est splendide, il fallait de la hauteur, la salle du parc des expos est idéal. C’est un grand rectangle dans lequel est intégré la tribune. On est dans la salle d’expo ! Il y a du parquet au sol. Il y a trois grandes ouvertures encadrées, et ne reste au mur plus qu’un tableau, le tableau immense.
En arrivant, un homme passe une cireuse, d’autres finissent d’emballer deux tableaux.

FATMEH de Ali Chahrour

Festival d’Avignon

le 17 juillet 2016

au Cloître des Célestins

Note : 5/5

 

 

Fatmeh

photo © Christophe Raynaud de Lage

 

 

C’est un autre monde.
Deux femmes se plantent devant nous, regardent fixement devant, jusqu’à pleurer.
Elles mettent leur main droite sur leur cœur, sur le haut de leur poitrine. Elles commencent à tapoter à plusieurs reprises, puis elles se mettent à taper, avec le temps de plus en plus fort. Et ça dure. On pense forcément au soufisme, à la répétition, à la transe. C’est aussi évident, que c’est une souffrance. La souffrance pour se rendre compte que l’on est vivant. Ça devient un rythme, une danse. Elles se plient en deux, toujours pour le rythme. Elles oublient de se taper la poitrine, se tapent les cuisses, mais reviennent quand même à la poitrine. Il est question du corps, de sentir le corps.
A un moment, elles s’entourent d’une jupe à plusieurs tours, ça finit en danse  tournant sur elles mêmes la jupe faisant un cône en vagues, un peu comme les derviches. Mais, comme pour le début de la pièce, elles dansent jusqu’à la nausée, jusqu’à tomber.

La musique est enregistrée. Il manque les musiciens sur scène. D’où un sentiment de solitude de ces deux femmes, seules avec le créateur de la pièce, Ali Chahrour. Femmes en souffrance.

Avant le début de la pièce, Chahrour a dit un mot et nous a demandé une minute pour l’attentat de Nice. Il a dit aussi que depuis qu’il prépare cette pièce, il y a eu 6 attentat au Liban qui ont fait plus de 300 morts.

 

 

 

TIGERN de Gianina Carbunariu

Festival d’Avignon

le 17 juillet 2016

Théâtre Benoît XII

Note : 4/5

 

Tigern

photo © Christophe Raynaud de Lage

Gros inconvénient, la pièce est en suédois surtitré. Et c’est une pièce extrêmement bavarde, je passe mon temps à lire la tête levée au lieu de regarder les acteurs pourtant très « accrocheurs » et bien dans leurs personnages.
L’histoire est intéressante, parabole de l’étranger, un tigre s’est échappé du zoo et certaines personnes témoignent de ce qu’elles ont vu. Parfois comme un micro trottoir. Toujours drôle et léger, comme lorsque un représentant des corbeaux, ainsi qu’un représentant des colombes et un autre des moineaux donnent leur avis sur le passage du Tigern.

Ça se termine en blague, tous les personnages sont devenus des animaux, ou des peluches, mais ça ne les empêche pas de poursuivre.

 

Tigern2

photo © Christophe Raynaud de Lage

 

 

AU COEUR de Thierry Thieû Niang

Festival d’Avignon

le 17 juillet 2016

Église de la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon

Note : 4/5

 

 

au-coeur

photo © Christophe Raynaud de Lage

 

 

Loin d’être parfaite, parce que fait par des enfants et adolescents de dix à seize ans, la démonstration est pourtant époustouflante, parfois un peu démonstrative.
Les spectateurs sont face à face avec seulement deux rangs de chaises. Les enfants se répartissent, tremblent, tombent, se roulent par terre. Ils chantent en cœur à deux voix. Une viole de gambe, d’une musique indéfinie, les accompagne.
Bien sûr, il est question d’illustrer le drame de la photo de l’enfant mort sur la plage. Mais plus généralement, ça représente le corps vivant, le corps mort. Ce qui pourrait donner un spectacle triste, mais qui est plutôt un spectacle vivant, tendu.
Ensuite, ils se rhé-habillent et leurs élans deviennent plus brusques, plus une lutte à deux mais avec des enfants fluets. Ça se termine par un monologue de la plus jeune qui dure assez longtemps : « je ne suis pas un déchet… »
C’est très émouvant, réussi.

 

 

 

ESPAECE d’Aurélien Bory

Festival d’Avignon

le 16 juillet 2016

à l’Opéra d’Avignon

Note : 2/5

 

Espaece

© Christophe Raynaud de Lage

 

 

C’est comme les films à sketch, ou comme au cirque, une suite de différentes scènes plus ou moins acrobatiques, les unes mieux que les autres, mais sans liens les unes avec les autres si ce n’est le prétexte Perec, pas du tout évident.

Par exemple, dans les moins bien, le décor, le fond de la scène qui représente un tableau noir, large et haut comme la scène elle-même. Celui ci se met à bouger, à se plier, les acteurs montent dessus, ces hauts panneaux se mettent à tourner. On pourrait se croire dans un rêve, un cauchemar, en étant optimiste parce que c’est un peu simplet et pas amené.

Dans le meilleur, un acteur se met à chanter comme un chanteur d’opéra, il parle, il s’agite, il s’énerve, rechante, un spectacle a lui tout seul.